Savon pH neutre vs savon à froid : lequel choisir ?
Le savon à pH neutre s’impose comme la nouvelle rockstar de nos salles de bains. Sa promesse phare : un lavage plus doux et respectueux de notre épiderme. Mais si celui qu’on appelle aussi savon sans savon est parfois bienvenu en cas d’atopie, il n’est pas non plus la panacée.
Qu’est-ce qu’un savon au pH neutre ?
Plusieurs noms, plusieurs formes
Savon sans savon, pain dermatologique, syndet… Tous ces intitulés ne désignent en réalité qu’un seul et même produit : le savon au pH neutre. Il se décline sous forme solide et liquide. Dans le premier cas, il s’agit d’un pain lavant qu’on pose au bord du lavabo. Dans le second, on l’appelle tout simplement savon liquide. En toute rigueur, on lui préférera toutefois le terme de syndet liquide.
Et cette histoire de potentiel hydrogène (pH) ?
Comme son nom l’indique, le savon à pH neutre a la particularité d’avoir un pH situé aux alentours de 7. Pour rappel, le potentiel hydrogène (pH) est une unité de mesure chimique utilisée pour déterminer le niveau d’acidité ou d’alcalinité d’une solution. En dessous de 7, on a affaire à un milieu acide. Et au-dessus de 7, nous sommes sur du basique (ou de l’alcalin, c’est la même chose).
Au fait, comment savoir si un savon a un pH neutre ?
Certains fabricants indiquent le pH de leur savon sur l’emballage du produit. Toutefois, rien ne les y oblige d’un point de vue réglementaire. Pour les apprentis chimistes, vous pouvez vous amuser à vous procurer des bandelettes test. Il suffit de diluer quelques paillettes de savon dans de l’eau et d’y plonger une bandelette. Référez-vous ensuite à l’échelle indiquée sur la notice.
Quel est l’intérêt d’un savon sans savon ?
Si le savon à pH neutre fait tant parler de lui, c’est parce qu’il est dit plus doux pour la peau. Et ce, grâce à la proximité de son pH (environ 7) avec celui de la surface cutanée (environ 5-6). À l’inverse, les savons « traditionnels » sont généralement aux alentours de 10, et donc beaucoup plus éloignés du pH cutané physiologique. À priori, du basique sur de l’acide, ça ne peut pas matcher.
On reproche ainsi au bon vieux pain de savon de fragiliser le manteau acide de la peau. Et du même coup, d’altérer son film hydrolipidique. Comme c’est cette barrière qui protège la couche cornée de la déshydratation, le savon pourrait donner lieu à une sensation de sécheresse et à des rougeurs. Et c’est justement là qu’arrive le savon sans savon pour sauver nos peaux. Enfin, en théorie.
Vers la démystification du savon au pH neutre
Le savon sans savon est une invention marketing
Parler de savon sans savon, c’est comme parler d’une mousse au chocolat sans chocolat. Ça n’a pas de sens, si ce n’est marketing. Car, avant d’être un joli cosmétique, le savon est une entité chimique. C’est plus précisément un sel d’acide gras né de la réaction de graisses (parfois animales, le plus souvent végétales) avec une base (soude ou potasse). Bref, c’est le résultat d’une saponification.
Le savon au pH neutre n’existe pas
Le savon contient donc une base. Et le pH d’une base est… wait for it… basique, bingo. De fait, le savon est par définition… alcalin ! C’est même l’une de ses caractéristiques essentielles. Un savon stricto sensu a forcément un pH basique éloigné de la peau. Bref, si l’on voulait être rigoureux, on ne parlerait pas de « savon à pH neutre », mais de syndet. Oui, c’est sûr que c’est moins vendeur.
Le syndet est un mélange de tensioactifs
C’est dit, le savon pH neutre est une aberration lexicale. Mais du coup, si ce n’est pas du « vrai » savon, qu’est-ce que c’est ? La réponse est dans l’origine du mot « syndet » : synthetic detergent. En gros, c’est un détergent formulé à base de tensioactifs synthétiques (notamment les alkylsulfates) et d’une série d’adjuvants. Ces derniers sont là pour donner le change (mousse, aspect, texture, etc.).
Un pain de savon alcalin agresse-t-il réellement ma peau ?
Pendant le lavage, les savons font naturellement monter le pH de la peau. Néanmoins, comme la nature est bien faite, elle a doté la peau d’un pouvoir tampon. Cette capacité lui permet de réguler son pH. Il lui suffit de deux heures pour retrouver son pH initial après le savonnage. À partir du moment où le temps de contact est court, tout est sous contrôle.
| C’est là la différence avec le bicarbonate de soude dans les déodorants. Lui, il reste toute la journée sur l’aisselle !
Bien sûr, ce processus n’est efficient que sur les peaux en bonne santé. Sur un épiderme déjà sensibilisé, très sec ou atopique (eczéma), les savonnages répétés ou mal rincés peuvent mettre le feu aux poudres. Il arrive ainsi que certains expérimentent des irritations après la douche. À ce stade, ne vous contentez pas de changer de produit lavant. Demandez plutôt conseil à un dermatologue.
Tensioactifs et pH : même combat ?
Le savon à pH neutre a beau être proche de l’acidité de la surface cutanée, il n’est pas forcément plus doux pour la peau. Pourquoi ? À cause des tensioactifs qui lui confèrent ses propriétés détergentes. Certains d’entre eux sont jugés agressifs pour la peau et parfois polluants. D’ailleurs, il s’agit souvent des mêmes que ceux que l’on retrouve dans les shampoings… ou les produits ménagers.
Par exemple, un gel douche solide a bien souvent du sodium lauryl sulfate (SLS) en tête de composition. Chouchou des industriels, ce tensioactif sulfaté est un détergent très (trop ?) puissant. Utilisé régulièrement et à forte concentration, il risque donc de délipider la surface de la peau, voire d’entraîner des irritations. Pourtant, il a bel et bien un pH neutre.
Syndet ou savon : quel produit lavant a sa place dans ma salle de bains ?
Il serait stérile de bannir une catégorie de produit au profit d’une autre. « Vrai » savon ou savon à pH neutre : c’est surtout la formule qui compte. De manière générale, le syndet sera plus approprié pour les peaux atopiques (les vraies de vraies). Pour éviter les désillusions, veillez toutefois à choisir une version aux tensioactifs doux (du moins autant que possible) enrichie en actifs surgraissants.
Dans le cas d’une peau saine, inutile de chercher plus loin qu’un savon. Là encore, attention : il y a savon et savon… Les savons de Marseille et d’Alep, par exemple, ne conviennent pas à toutes les peaux en raison de leur côté « brut de décoffrage », sans additifs. Ils nettoient, et basta. D’autres, comme les savons surgras, nettoient ET prennent soin de la peau.
Le cas des savons saponifiés à froid : et si le juste milieu était là ?
Le processus de saponification à froid a l’avantage de produire de la glycérine végétale. Il s’agit d’une substance humectante, capable de retenir plusieurs fois son poids en eau. Elle joue par conséquent un rôle clef dans le maintien de l’hydratation de surface pendant le savonnage. Mais les vertus du savon à froid ne s’arrêtent pas là.
Un pain lavant saponifié à froid est naturellement surgraissé. Il renferme un surplus de glycérides non saponifiés et contient donc plus de gras qu’un savon industriel. La bonne nouvelle, c’est que ce surgras contribue à renforcer le film hydrolipidique grâce à son action filmogène. C’est le même principe qu’une huile démaquillante : on donne du gras à la peau pour prévenir la délipidation.
Explorez les bienfaits de la saponification à froid avec Le Moly
Le petit plus de la saponification à froid ? Elle permet de conserver toutes les qualités nutritives des huiles et beurres. Chez Le Moly, c’est donc elle que nous avons choisie pour vous offrir une douche pleine de douceur. Tous nos savons à froid bio sont surgraissés entre 8 et 10 % et gorgés des bons nutriments des huiles végétales pressées à froid. Un vrai festin pour votre jolie peau !
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